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À l'Académie de médecine, à Paris, un immense tableau évoque la naissance de la psychiatrie. Commande officielle passée en 1849 au peintre Charles Müller, l'œuvre n'est pas, comme on aurait pu s'y attendre, une allégorie grandiloquente de la Folie domptée par la Médecine. L'artiste a représenté au contraire une scène à la fois noble et touchante, dans ce style réaliste lyrique propre à la peinture d'histoire. Elle a pour titre : Pinel fait enlever les fers aux aliénés de Bicêtre. L'épisode se déroule dans la cour de l'asile. Au centre, se découpe la silhouette d'un homme en noir, suivi comme le Christ de ses disciples, jeunes gens élégants qui repoussent doucement les fous les plus importuns. De l'index, au bout de son bras tendu, il donne l'ordre à un employé de limer les dernières chaînes qui lient les poignets d'un vieillard, maigre et dénudé, assis sur de la paille. Parmi la foule, on distingue des idiots, des furieux, des infirmes qui marquent sur leur visage et par leurs gestes, incrédules encore, leur stupéfaction d'avoir été libérés. L'événement, historique, demandait son scribe. Le peintre l'inséra naturellement dans la toile, au premier plan, à la droite du médecin. Redingote bleue, culotte et gilet blancs, carnet rouge d'une main et plume de l'autre : c'est la République française écrivant l'histoire de la Psychiatrie, sous les traits d'Esquirol, l'élève favori et le futur clinicien de génie, enregistrant les actions et les pensées de son maître Pinel. |
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